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Par Francky 94 le 26 Avril 2016 à 09:57
Théo Ford : « J’essaie d’être le plus authentique possible »
Rencontrer pour de vrai un acteur porno, c’est toujours risquer d’être déçu. De constater qu’il y a un décalage entre ce qu’on voit de lui sur photo et l’homme qu’il est vraiment. D’où l’immense satisfaction d’interviewer, il y a quelques jours, Théo Ford à l’Open Café, dans le Marais. Au casting d’« Apprentis Pornstars », la télé-réalité événement que diffuse PinkX, Théo est véritablement C.A.N.O.N. J’ai eu l’impression d’avoir face à moi un super-héros invincible, type Captain America. En plus, il est sympathique, chaleureux et brille de ses multiples facettes. Acteur porno menant aujourd’hui une carrière internationale, il a poursuivi des études en sciences politiques et dans la mode qui le conduisirent à travailler également dans la communication et le showbiz. Ne soyons donc pas étonnés de reconnaître son visage dans des médias mainstream…
FRENCHTWINKS…
La démarche pour devenir acteur porno est simple : on contacte les boîtes de production via Internet. Or tu as commencé chez FrenchTwinks alors même que le label était en cours de création. Comment s’est fait le contact ?
Sur un site de rencontres. Le producteur, Antoine Lebel, m’a envoyé un message gentil il y a un peu plus d’un an, en mai 2013. Il disait rechercher de jeunes mecs pour un nouveau label et présentait ce qu’il avait déjà fait : Friends & Buddies, une série X pour les États-Unis, qui était très sympa, très drôle, décalée… Je l’ai trouvé bien faite. Comme depuis un petit moment je voulais faire du X, mais sans jamais sauter le pas, ça a été la bonne occasion.
Qu’est-ce qui pouvait laisser penser au producteur de FrenchTwinks que tu serais réceptif à sa proposition ? Quelque chose que tu disais dans ton profil ?
Je ne sais pas. Je pense que s’est plutôt au niveau de mon look parce que, comme je travaillais déjà dans la mode depuis longtemps et que j’avais été très brièvement mannequin – ce qui n’est pas mon truc ! -, j’avais des photos qui rendaient bien. Mon physique correspondait à ce qu’il recherchait.
Cette proposition t’a-t-elle quand même surpris ?
Pas surpris. J’avais déjà eu des propositions X sur Internet. J’ai au départ réfléchi, j’ai essayé d’en savoir plus, car j’ai toujours été intéressé d’en faire. Je me suis dit : « Ben, voyons ce qu’il a à dire. »
Comment s’est passée ta première scène ?
C’était dans Apprentis Pornstars et j’étais très stressé. Pourtant Antoine est quelqu’un d’incroyable, mais je suis très sensible, et là j’éprouvais le trac que doit ressentir tout chanteur qui fait sa première représentation publique.
Ça ne se voit pas sur l’écran. On te découvre parfaitement à l’aise, toujours partant pour le sexe et le fun. Il est difficile de ne pas te remarquer. (Rires)
Les autres étaient plus jeunes, ils étaient vraiment des minets, des twinks. Il était effectivement difficile de ne pas me remarquer. Je pense que c’est aussi ce qui a fait ma force au départ. Têtu m’avait élu dans le top 10 des nouveaux acteurs 2013/révélations internationales. J’étais le n°7. Le 7 est d’ailleurs mon chiffre porte-bonheur. J’étais très content. Je savais que j’avais plu à Têtu, et Pink avait fait des articles avec ma photo. J’étais apprécié alors que rien n’était encore sorti sous forme de DVD.
D’où vient ton pseudo ?
Antoine voulait qu’on prenne des prénoms francophones facilement prononçables pour les Anglophones. Et il y a un mot que j’adore comme son idée, c’est « apotheosis », c’est à dire l’ascension d’un être humain en dieu. Et dans apotheosis, il y a Théo. Et cela me représentait en tant que personne.
Et depuis que tu as une carrière internationale, tu as ajouté le nom de Ford.
Oui. Le patronyme de Ford est la dernière syllabe de la ville où j’ai grandi en Irlande. C’est un clin d’œil.
FrenchTwinks est le seul producteur français avec lequel tu as travaillé. Pourquoi ?
On est humain, on n’est pas des robots. On fait du X non pour avoir un peu d’argent afin de s’acheter un T-shirt ou une paire de chaussures. Il y a une vraie intention derrière. On a envie d’être payé à sa juste valeur. On souhaite être mis en avant par de belles photos. On ne cherche pas à être vu que comme une bite et un cul. Antoine m’a considéré. Je lui en suis reconnaissant. Et forts de ce respect réciproque, nous avons convenu que je ne travaillerai qu’avec lui en France.Tu as désormais une carrière internationale. Celle-ci t’a notamment amené à travailler avec des super stars du X. Laquelle t’a le plus impressionné ?
Paddy O’Brian. Il est d’une gentillesse et d’une simplicité qu’on ne soupçonne peut-être pas. Sa mère est d’origine irlandaise, c’est pour cela qu’il a choisi ce nom. On a tourné une scène où Damien Crosse était présent, une autre grande star actuelle. J’avais très envie de tourner avec Paddy. Et quand MEN m’a contacté sur Twitter pour savoir si j’étais intéressé de tourner avec lui, j’ai dit « oui » en une seconde. Il est beaucoup plus petit que moi. En plus, il n’est qu’actif.
Il se fait quand même pas mal gang-banguer ces temps-ci. (Rires.) Mais il est vrai qu’il est « hétéro »… (Rires.)
Écoute, il est vraiment hétéro. On en a parlé longuement. Il me tuerait si je disais autre chose. Pour lui, en fait, le porno c’est du boulot. Il a un rapport avec la sexualité que je partage. Ce que je fais dans les films ne représente pas forcément ce que je fais dans la vraie vie. Quand je fais une scène de fist ou d’uro, ce n’est pas moi. C’est Théo dans un film, une situation. Et Paddy, c’est pareil. Il a toujours aimé le sexe, il a toujours été exhib et il s’est dit qu’il y avait plus d’argent à se faire dans le X gay que dans l’hétéro. Et il est très bien payé pour ça. On a tourné à Madrid et le lendemain j’avais une autre scène avec Dato Foland.
Toi, tu ne te refuses rien (Rires.) Que des super beaux mecs !!!
(Rires.) Il a un très joli corps et des yeux incroyables. Quand il te regarde avec ses yeux lumineux, on fond. Mais ce qui était drôle, c’est que Dato et Damien avaient été ensemble et que je ne devais surtout pas dire à l’un et à l’autre que j’avais tourné avec l’autre. Ils venaient de se séparer.LA BEAUTÉ
La beauté donne du pouvoir. Toi-même tu es d’une beauté fracassante. À partir de quand t’es-tu rendu compte que tu avais cette prestance qui ouvre toutes les portes ?
La beauté, c’est subjectif. Il y a des personnes pour qui je ne suis pas du tout excitant. Maintenant, c’est vrai que la beauté est un merveilleux atout. Quand j’ai commencé à sortir de façon poussée à environs 17 ans dans une petite ville de 60 mille habitants, j’allais dans des boîtes hétéros où je savais qu’il y avait beaucoup plus de gays qu’ailleurs. Et j’ai vu que les garçons me regardaient et à ce moment-là, c’est comme si on me donnait les clés d’une Porsch. On a envie d’aller très vite et de défoncer toutes les barrières, sans jeu de mots. (Rires.) Quand un garçon me plaisait, j’allais cash, directement à lui, en me présentant. Mais en Irlande, les garçons sont très timides. Alors je me plantais devant eux et je ne leur laissais pas le choix. Ce qui est différent en France et surtout à Paris. Mais oui, le côté beauté, d’une façon générale, c’est du charme. Il faut savoir en jouer, l’utiliser à bon escient. Même lors d’un entretien à une banque, si on est charmant, si on a un sourire qui prête à la confidence, on a sûrement plus de succès que quelqu’un de très renfermé ou au physique ingrat.
Tu es très actif sur Twitter. Les gens sont-ils toujours sympas avec toi ?
Oui. Ce n’est que sur des sites de rencontres, que très rarement, certains garçons m’ont dit que c’était dégoûtant de faire du porno. Maintenant, certains garçons très gentils ne se sentent pas capables de sortir avec un acteur. Je peux le comprendre.
Tu utilises encore des sites de rencontres ?! Mais on se dit que tu n’en as pas besoin !!!
Justement si. Parce que dans la vie de tous les jours, les garçons se disent : « Oh, mais lui il est inaccessible, il doit être froid, bête, il doit être ci et ça… », et sur Internet, si je les rejette, ils se disent que ce n’est pas grave. Ce prendre un râteau en personne, c’est difficile. Et donc en salle sport, il y a beaucoup de gays qui ne me regardent presque pas. Mais ils viennent me faire des avances explicites sur les sites de rencontres. Alors là je suis un peu choqué : « Ça fait deux ans qu’on se voit tous les jours et tu ne me regardes même pas ! Un bonjour ne coûte rien, un bonjour ne veut pas dire qu’on va coucher ensemble. » En fait, je leur fais peur.… AU NATUREL
Toi, tu n’as vraiment pas besoin de Photoshop !!!
Il y en a très peu et en même temps je me dis qu’il n’y en a pas assez. (Rires.) De façon générale, il y a très peu de photoshopage dans les studios. Il s’agit juste de gommer quelques imperfections. Pour moi, j’essaie d’avoir une vie très saine. Je bois des jus de fruits et très peu d’alcool, je ne fume pas, je ne me drogue pas, je fais beaucoup de sport, j’essaie d’aller au soleil sans forcément me cramer au UV, mais le soleil c’est important pour la peau. Je prends les bonnes vitamines, les bons compléments alimentaires. Je ne me pique pas aux stéroïdes ou quoique ce soit. J’ai envie qu’on se dise : « Ah, il a une musculature qui évolue naturellement. », et non : « Lui, il est bodybuildé, mais il s’est injecté mille et une hormones. »
Ce naturel fait aussi qu’il n’y a pas de décalage entre la réalité et tes photos.
J’essaie d’être le plus authentique possible afin que les gens qui me rencontrent, les producteurs, se disent que je suis la même personne que sur les photos. C’est vrai que parfois, quand je vois sur photos des grands acteurs qui ont l’air extrêmement virils et dont on se dit qu’ils font 2 m de haut, il est surprenant de découvrir des petites puces, toutes mignonnes. Bon, OK, je ne critique pas, mais le décalage est rigolo.L’IRLANDE
Tu as passé une grande partie de ta vie en Irlande et tu nous as dit que les Irlandais étaient timides. Parce que l’homosexualité y reste taboue ?
Même si l’homosexualité est acceptée en Irlande, c’est un pays qui reste catholique. Quand on va sur Grindr, sur PlanetRomeo, ou des choses comme ça, il y a beaucoup de profils d’Irlandais sans photo. Ou alors, il y a énormément de bi. Je n’ai jamais vu un pays où il y en a autant. Alors je peux comprendre qu’on soit bisexuel, c’est une étiquette, mais en France on est gay ou hétéro en général. Parfois bisexuel. En Irlande, énormément d’homosexuels se disent bi car ça laisse penser qu’ils peuvent être hétéros alors qu’ils ne coucheront jamais avec une fille de leur vie. Alors que bi, ça veut quand même dire qu’on a des relations avec des hommes et des femmes. En fait, ils n’acceptent pas leur vraie homosexualité. Tout jeune, dès 15-16 ans, j’ai su que j’étais gay. Je n’ai jamais fait de coming-out à mes parents. Je leur ai juste présenté mon premier petit copain comme ça : « Papa, maman, c’est mon copain. »
Comment ont-ils réagi ?
Je pense qu’ils s’en doutaient car je n’ai jamais prétendu être ce que je ne suis pas. Ils ne m’ont jamais vu avec une fille. Mon père, qui est assez macho, devait s’en douter. Ma mère et moi on était assez proches. Je pense que les parents s’en doutent toujours.
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